La vie de Nuage d'Erable n'a pas toujours été simple. Comme celle de tous les chats qui naissent sur ces terres dévastées...
Peu de temps après sa naissance, sa mère mourut de maladie. Elle ne savait pas quelle était cette maladie, était-elle due aux changements trop brutaux du climat ? Personne ne se posait réellement la question, après tout, les morts étaient fréquentes durant cette période.
La jeune femelle ne se souvient plus avoir attendu de longues heures auprès du corps de sa mère qu'elle croyait endormie. Elle ne se souvient plus du regard qu'elle portait sur ce corps inerte, se demandant d'où venait ce froid, et où était partie sa chaleur si apaisante. Ni qu'elle s'était blottie contre elle, lui donnant de timides coups de patte sur le museau, espérant qu'elle se réveille. Ni qu'une autre femelle de la pouponnière avait retenu un cri d'effroi en la découvrant, et avait caché sa surprise derrière un sourire forcé et maladroit en direction de la chatonne unique.
Elle ne se souvient plus que son père, affolé, avait pleuré la mort de sa mère et avait plongé dans une grande déprime, ignorant même les miaulements tristes de son propre chaton. Elle ne se souvient plus de la cérémonie d'enterrement de celle qui l'avait fait naître. Elle ne se souvient plus que son père semblait aller mieux les semaines s'écoulant, mais elle se souvient qu'il partit sans même un au revoir.
Elle ne se souvient pas et pour cause n'avait pas vu le visage désolé de son père, se disant qu'il valait mieux pour son chaton qu'il s'en aille; que quelqu'un d'autre s'en occuperait mieux que lui, qu'il devait oublier tout ça.
Peut-être avait-il raison, sa tristesse l'empêchait d'agir correctement et de porter pleinement attention à Petite Erable, recueillie par la suite par une gentille femelle. Peut-être avait-il raison oui, car cette dernière se montra très affectueuse et attentive à la chatonne désormais orpheline, qui put retrouver une vie "normale", hormis les premiers mois qu'elle passa seule et roulée en boule, ne voulant ni parler ni manger.
La féline riait et jouait avec elle, la considérant comme sa petite sœur. Pour ce qui fut du sevrage, la chatonne dut se faire une place parmi les chatons d'une autre mère, la même qui découvrit celle d'Erable morte, et qui avait de toute façon trop de lait.
Après cet évènement, elle restait souvent à l'écart mais peu à peu, elle se libéra et put se faire des amis.